Le temps d’écrire

Le temps d’écrire pour les autres prend tout mon temps. Ou presque… Deux ans sans rien publier ici ! Je n’ai pas vu défiler tout ce temps. J’étais occupé à écrire et à faire écrire. Que s’est-il passé au cours de ces deux années ?

Le temps d'écrire, c'est se saisir de son stylo et d'une page blanche pour la noircir.

Écrire le temps passé

Écouter le narrateur, la narratrice, la personne qui se raconte. Capter leurs mots, leurs émotions. Les transcrire et les leur montrer dans toute leur épaisseur. Plonger dans une photo écornée et jaunie, aller à la rencontrer des personnes bien souvent disparues qui y figurent. Chercher les liens avec le récit livré par ailleurs, connecter le tout. En écrivant ces mots, je pense à une machine à remonter le temps. C’est bien ce genre de voyage auquel je m’adonne avec délices. Remonter le temps et parcourir le monde !

La joie d'un auteur à la réception de son livre, la concrétisation de plusieurs mois de travail à deux.
La joie d’un auteur à la réception de son livre

Beaucoup d’histoires ont pour cadre la France. Un petit pays, certes, quand on considère une mappemonde. Mais aux recoins si nombreux, si divers, si variés ! Un pays avec sa propre histoire, si riche ! J’étais dernièrement dans les tranchées du côté de Verdun, avec photos sur plaques de verre à l’appui ! À la ferme de Navarin, celle de Beauséjour, dans les alentours de Perthes-lès-Hurlus. Non loin de Souain et de Massiges, que je connais si bien pour y avoir fureté des jours entiers. Le narrateur, décédé depuis longtemps, a pris la peine de laisser à sa postérité un long témoignage manuscrit. En dactylographiant ses mots, j’errais sur le champ de bataille, ses misères et ses fureurs, dans les cantonnements de fortune.

Écrire pour voyager

Il m’est arrivé de visiter le Venezuela, Maracaibo et les pistes dangereuses décrites dans Le salaire de la peur. Une occasion de découvrir que le vrai nom de l’auteur du récit, Georges Arnaud, n’est autre qu’Henri Girard. Comme mon parrain ! Une homonymie cocasse surgie au milieu d’une belle aventure d’écriture… Une autre occasion fut de croiser le destin d’Henri Charrière, dit Papillon. Et de rencontrer son biographe, Vincent Didier, avec lequel l’aventure s’est poursuivie jusque dans le Lot, à Saint-Céré. Nous nous y sommes retrouvés pour évoquer l’emprisonnement et la liberté, au cours de conférences et d’une sympathique soirée cinématographique. Cette ville a eu pour maire Gaston Monnerville, petit-fils d’esclaves guyanais et sénateur du Lot. Lors du centenaire de l’abolition de l’esclavage, ce dernier a prononcé à la Sorbonne un discours resté dans les mémoires. Interconnexions des époques et des histoires…

Au cours des deux années qui viennent de s’écouler, j’ai rencontré tant de personnages extraordinaires ! Réels, imaginaires, entre les deux… Les histoires qu’on me raconte sont parfois étonnantes, stupéfiantes, mais toujours sincères. Écouter ces récits, les transcrire et livrer le produit de ce travail est un vrai bonheur. Surtout, je ne dois pas oublier de remercier toutes ces personnes qui me confient leurs confidences en toute confiance !

Faire écrire les autres

Animer un atelier d’écriture me passionne. Tout commence par l’élaboration des propositions d’écriture. Les idées foisonnent autour de soi dès lors qu’on prend le temps de poser son regard. N’oublions pas les jeux d’écriture inventés ici et là, par l’Oulipo notamment. Logorallyes, lipogrammes, tautogrammes, ABA, cadavres exquis, acrostiches, autant de contraintes d’écriture qu’adorent les personnes qui fréquentent mes ateliers ! Une idée, une citation, une contextualisation, une consigne et une illustration. Et voilà de quoi animer une séance et provoquer de belles phrases et de beaux partages !

Ces ateliers d’écriture me permettent de rencontrer des groupes très divers et cependant tous passionnants. Aux Trois Garçons, avec l’association SEVESSS, à la résidence de l’Horloge, à la chapelle de l’Observance, ou dans les établissements scolaires. Les ateliers dans les écoles primaires, les collèges et les lycées m’offrent de merveilleux moments de partage avec les élèves. J’y savoure leur spontanéité toute juvénile, leur verve parfois désarmante et leur adorable poésie. Je n’oublie pas les ateliers d’écriture dits « en passant », réalisés à l’occasion d’une manifestation culturelle.

Le temps d'écrire avec les autres autour de la même proposition d'écriture pour ensuite partager les productions.
Prendre le temps d’écrire avec les autres, un plaisir de l’atelier d’écriture

Le temps d’écrire avec les autres

La fréquence de ces rencontres entretient la flamme de l’écriture. Tous les participants, dès lors qu’ils ont découvert ce que leur apporte l’exercice, sont présents à chaque rendez-vous. Quand ils ne peuvent assister à une séance, nous trouvons ensemble un palliatif, de quoi tenir jusqu’au prochain… Serait-ce addictif ? J’ose le croire ! J’aime raconter les hormones produites quand on écrit à la main : dopamine, ocytocine, sérotonine et endorphine. Une D.O.S.E., gratuite, licite, naturelle et bio, bref, elle ne prodigue que des vertus !

On me demande parfois si je rode mes propositions d’écriture avant de les livrer aux participants. La réponse est non, pour diverses raisons. Tout d’abord, parce que je n’en prends tout simplement pas le temps. Ensuite, parce que je me réserve la possibilité d’écrire moi aussi au cours de l’atelier. Je découvre ainsi la contrainte en même temps que les participants et, comme eux, j’y prends plaisir. Enfin, c’est l’une des rares occasions que je m’offre de prendre le temps d’écrire pour moi. Et j’aime ça !

Le temps d’écrire, pour moi

Quand j’explique en quoi consiste mon métier d’Écrivain-Conseil®, écrire pour autrui, on me demande si j’écris aussi pour moi. J’aimerais bien, j’ai des velléités de cet ordre, il me faudrait prendre du temps, m’organiser en quelque sorte. Mais je privilégie mon travail et mets de côté mes élans personnels en la matière. Écrire pour les autres compense sans doute, satisfait au moins en partie mon besoin. Dans tous les cas, je ne ressens aucune frustration, c’est l’essentiel, n’est-ce pas ?

À l’approche de l’été, les ateliers d’écriture se font plus rares, comme les rendez-vous pour les récits de vie. Les gens sont en vacances ou mettent à profit l’époque estivale pour entretenir les liens familiaux et amicaux. Moi, j’en profite pour prendre mon stylo et noircir du papier. Aldous Huxley disait que c’était idéal pour s’éclaircir l’esprit. Chaque exercice me le confirme et j’utilise avec gourmandise cette citation dans chacune de mes propositions d’écriture !

Ce temps que m’octroie l’été pour écrire me permet de revenir aujourd’hui dans ce bloc-notes quelque peu délaissé. En deux années, bien souvent j’ai pensé reprendre mes publications ici. Les sujets ne m’ont pas manqué. Il m’aurait simplement fallu prendre le temps d’écrire… prendre le temps de passer à l’action. C’est désormais chose faite…

(Pour me contacter, c’est facile : cliquez ici.)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.