Mémoire de La Motte

Mémoire de La Motte est le titre de l’ouvrage présenté ce vendredi 26 mai aux habitants du village et au-delà. Voici comment cette belle aventure est née et a pris forme pour devenir un livre à conserver et à transmettre.

Mémoire de La Motte

Voici près de six mille ans, l’homme a ressenti le besoin de conserver des informations. Dans le but de les réutiliser et les transmettre, il a inventé l’écriture. Dans le même temps, et par voie de conséquence, il a ouvert une ère nouvelle, celle de l’histoire. La mémoire de ses activités, sociétés et pensées a ainsi pu être transmise de génération en génération. Sans doute plus efficacement qu’à l’oral.

Qu’en est-il de cette mémoire ? Nous est-elle bien parvenue ? Y attachons-nous l’intérêt qu’elle mérite ? En quoi peut-elle nous être utile ? Bien des questions nous viennent à l’esprit quand nous faisons le triste constat de la déperdition de cette richesse.

Plus simplement, l’adage populaire nous rappelle que, pour savoir où aller, il est bon de regarder d’où l’on vient. Il s’applique tout particulièrement à la vie d’un village et à celle de ses habitants. D’autres questions, plus précises, émergent alors. D’où venons-nous ? Qui sont ceux qui nous ont précédés ? Quelle a été leur vie ? Comment ont-ils exploité ce territoire ? Pourquoi ont-ils choisi d’ouvrir ici une route, de bâtir là plutôt qu’ailleurs ? Leur sommes-nous redevables de quelque chose ? Et si oui, de quoi ?

La genèse de Mémoire de La Motte

Valérie Marcy, maire de ce charmant village, m’a demandé de réaliser un ouvrage où serait recueillie cette mémoire de La Motte. Le but affiché était multiple. Tout d’abord capter ce qui pouvait l’être. Puis le transmettre à la postérité. Enfin, permettre aux nouveaux venus sur le territoire de découvrir celui-ci dans une perspective mémorielle.

Pour répondre à toutes les questions ainsi posées, il est apparu nécessaire d’explorer la mémoire du village encore accessible. Interroger les plus anciens est tout de suite devenu une évidence et même une priorité. Il est toujours triste d’en rappeler le constat, mais chacun sait que la mémoire vive n’est pas éternelle. Les traces écrites glanées ici ou là furent autant de sources d’informations à exploiter.

L’aventure commençait en ce début d’année 2020. Et l’on imagine ce qui a pu, dès les premiers mois, s’employer à contrecarrer ce projet…

Mémoire de La Motte
Janvier 2020 : première réunion des porteurs de mémoire, dans la salle du conseil municipal

Les porteurs de mémoire

Dans cette démarche de captation de récits, j’ai eu le bonheur et le plaisir de rencontrer des personnes très attachantes. Toutes sont vivement et très sincèrement remerciées dans l’une des pages du livre. Merci à elles pour ces moments hors du temps qu’elles ont bien voulu concéder à l’exercice.

Les premiers propos recueillis auprès de ces porteurs de mémoire ont commencé à tracer le chemin rédactionnel à suivre. Les thèmes à développer ont pris leur place dans le synopsis. Les anecdotes ont fleuri, certaines parfois sombres, d’autres empreintes d’une grande fraîcheur. D’autres, plus cocasses, comme celle de Titin, le boucher à la tenue de travail particulière les jours de grande chaleur.

Il m’est arrivé bien souvent d’apercevoir dans le regard de tel narrateur, de telle narratrice, l’ombre d’une vive émotion. Ce fut aussi, parfois, une larme vite balayée à l’évocation d’un souvenir particulier. Ou encore un sourire teinté d’une douce mélancolie.

Faut-il le souligner ? Toutes ces vies ont connu de grandes intensités, uniques ou partagées. Quand bien même les personnes concernées s’emploient avec ardeur et tout autant d’humilité à le nier. Au passage, savez-vous que La Motte compte parmi ses habitants de vrais héros ? Certains étaient présents ce vendredi soir. Ils ne font aucune publicité et pourtant, leurs exploits méritent d’être connus.

Mémoire de La Motte
Première fête de la vigne et du vin à La Motte en 1961 : la danse des sarments

Illustrer la mémoire de La Motte

Dans une telle aventure, il importe d’illustrer les témoignages recueillis pour leur conférer plus de profondeur. Que penser aujourd’hui des tenues que portaient alors les femmes pour se livrer aux travaux des champs ? Comment ne pas évoquer le cheval et la force motrice qu’il offrait dans ces labeurs d’un autre temps ? Quelques photos montrent l’inconfort de ces longues robes bien encombrantes. On note également la présence de nombreux Bijou et Coquet à la tâche, à la peine, dans ces travaux agricoles.

Les ressources en illustrations de ces époques sont rares, photographier le quotidien n’était pas d’actualité. On réservait cette manière de figer la mémoire aux événements marquants tels qu’un mariage par exemple. Aussi, le fonds iconographique du musée des arts et traditions populaires de Draguignan a-t-il été le bienvenu. Un autre contributeur majeur fut Roland Bisogni, qu’il me plaît de citer ici. Son apport fut important et déterminant dans cette expérience mémorielle.

Composition, relecture et finalisation

Le travail le plus long fut celui de la composition de Mémoire de La Motte. Identifier les éléments à utiliser, déterminer la manière de les assembler impose de procéder à des choix. J’ai dû me résoudre à mettre de côté des pans entiers de témoignages. Et aussi de nombreuses illustrations pourtant très évocatrices de cette mémoire du village. Pour en exposer toute la richesse, il faudrait y consacrer plusieurs volumes. Qu’on se rassure, de tout cela, rien n’est perdu.

Vint le temps d’enfin lever le nez de dessus l’ouvrage. À n’en pas douter, de nombreuses incohérences et autres coquilles avaient dû s’y glisser. Pour les traquer, cinq personnes se sont attelées à la lecture de l’épreuve du livre. Leur travail a été remarquable. Cinq paires d’yeux, cinq esprits affûtés ont décelé ces points qu’il fallait corriger. Étape indispensable avant de valider la maquette définitive à confier à l’imprimeur. Quand je dis cinq, je sais qu’elles furent bien plus nombreuses du fait de l’émulation créée autour de la mission.

Une autre étape non moins délicate a consisté à passer commande auprès de l’imprimeur. Il a fallu mettre en place le dispositif de diffusion du livre dans le respect des règles administratives en vigueur. Comme à chaque fois, mes interlocuteurs ont montré un haut degré de professionnalisme. Et bien plus : un profond dévouement à mener à bien ces tâches particulières.

Mémoire de La Motte
Bijou, le cheval du père d’Armand Bernardin, Aimé, conduit par un soldat allemand réquisitionné à la fin de la Seconde Guerre mondiale en attendant le retour des prisonniers de guerre français

Mémoire de La Motte : quelques anecdotes

Avant de conclure, comment ne pas citer quelques anecdotes pour illustrer mon propos ?

Il y eut tout d’abord la première réunion, fin janvier 2020, dans la salle du conseil municipal. Là, les premiers porteurs de mémoire découvraient ce qu’on attendait d’eux. Guidé par Armand Bernardin, j’ai fait la connaissance de chacun d’entre eux. L’enthousiasme était au rendez-vous, déjà les souvenirs fusaient dans un brouhaha des plus joyeux. L’aventure s’annonçait bien.

La bonne idée fut de tous les rencontrer au plus tôt. De ce fait, à l’arrivée du premier confinement, j’avais de la matière pour commencer à composer la structure du livre. Des archives collectées ici et là m’ont occupé et Internet m’a bien aidé. Mais j’avais quand même besoin des lumières de ces porteurs de mémoire pour confirmer ou préciser tel ou tel point.

Dans tous ces témoignages, je voyais cet autre village où j’ai grandi. Même labeur dans les champs, même rudesse de la vie, même humilité devant les difficultés du quotidien. En découvrant les recoins de la vie mottoise, je revisitais ceux de mon enfance. J’avoue avoir été parfois perturbé par ces similitudes. Une élève de l’école de La Motte où je présentais le livre quelques jours auparavant m’a demandé mon âge. Sans doute était-ce étonnant que, du haut de ma petite soixantaine, je pusse évoquer cette vie si lointaine. Du moins si peu ordinaire à ses yeux d’enfant d’aujourd’hui !

Une dernière anecdote : la présentation de la maquette aux porteurs de mémoire, tous réunis à nouveau dans la salle du conseil municipal. Projetées sur grand écran, les cent pages ont défilé, une à une. Chacune, ou presque, a provoqué des élans. On reconnaissait ici telle personne, un souvenir émergeait par-là, etc. Près de trois heures furent nécessaires pour venir à bout de l’exercice ! À la fin, les participants sont repartis radieux. Et moi très heureux de constater le résultat de mon travail.

Mémoire de La Motte
Vendredi 26 mai 2023 : séance de dédicaces après la présentation du livre

Pour conclure

Ce sont donc, en définitive, pas moins d’une trentaine de personnes qui ont contribué à ce travail de mémoire. Elles ont donné de leur temps et surtout de leur cœur pour que Mémoire de La Motte, voie le jour. Livre que je suis heureux d’avoir présenté en ce vendredi 26 mai 2023. La salle des fêtes de La Motte était pleine et l’accueil des plus enthousiastes !

Vous souhaitez en savoir plus ? Cliquez ici pour prendre contact. Et là pour découvrir l’article paru dans la presse locale. Le livre est disponible à l’accueil de la mairie de La Motte au prix de 9,00 €.

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