Capter la mémoire d’un territoire : de quoi s’agit-il ?
Capter la mémoire d’un territoire, c’est aller à la rencontre de plusieurs sources. Les anciens du village, d’hier et d’aujourd’hui, les archives municipales, départementales et aussi familiales, sont les dépositaires de cette mémoire. On en trouve également une expression dans l’agencement du réseau des routes et des chemins. Dans celui des quartiers, chacun d’entre eux portant sa propre histoire. Les parcelles agricoles racontent à qui sait les écouter les négociations d’antan qui façonnèrent le patrimoine des uns et défirent celui des autres.Continuer la lecture de « Capter la mémoire d’un territoire »
Passer la mémoire d’autrui, voilà une belle idée. Comme celle de rassembler les biographes francophones sur une même plateforme en ligne. Chacun rédige sa fiche de présentation et choisit comment se peindre au mieux. Il met en avant ce qui le caractérise et donne quelques précisions sur son mode de fonctionnement. À l’écran, un cartouche récapitule les éléments essentiels tels que le nom du cabinet, le tarif, les coordonnées et le lien éventuel vers le site internet du professionnel. Ainsi, le visiteur peut aisément comparer ces critères communs d’un biographe à l’autre. Tout comme il découvre la sensibilité de chacun au travers de la prose utilisée pour brosser son portrait. Le mien se trouve ici.
La Retirada : un épisode de notre histoire, dont les conséquences sont visibles encore aujourd’hui. Par exemple…
Hier, un monsieur de bientôt 90 ans me racontait qu’à l’âge de 6 ans, il se trouvait avec ses parents et son frère dans un petit village du Pays Basque espagnol. Son père avait perdu son entreprise dans la tourmente de la crise de 1929, et s’était retiré là, d’où il était originaire et où il avait quelques terres de famille. Quand arrivèrent les troupes franquistes… Chasse aux Républicains, couvre-feu, terreur… Son père s’est enfui pour échapper à ces exactions, laissant sa famille à son sort.
Un soir que sa maman est alitée avec une forte fièvre, mon narrateur se rend à la ferme la plus proche pour y acheter du lait et confectionner une boisson chaude additionnée de teinture d’anthurium afin de la soigner. La traite demande plus de temps que prévu, il ne prend le chemin du retour qu’après l’heure du couvre-feu. Et se fait arrêter par une patrouille dont le chef décide d’appliquer la consigne selon laquelle toute personne non autorisée circulant pendant ce couvre-feu doit être fusillée sur-le-champ.
Alors que la troupe s’apprête à exécuter ce petit garçon, surgit un officier qui interpelle celui-ci et lui demande la raison de sa présence ici à cette heure tardive. Le bonhomme raconte et demande à porter le lait à sa mère malade en promettant de revenir sitôt la potion concoctée. Après quelques secondes d’hésitation, l’officier siffle en espagnol ce simple mot : « file ! », accompagnant ses paroles d’un geste sans équivoque. Le gamin s’esquive avec son pot de lait.
La Retirada, ou les leçons de l’histoire vécue
Bien des années plus tard, ce monsieur est lui-même devenu officier dans l’armée française. Et alors qu’il croyait avoir oublié cet épisode depuis longtemps, une situation particulière survenue en opération au cours de la guerre d’Algérie va changer le cours de nombreuses vies de femmes et d’enfants…
Mais ça, c’est une autre histoire !…
Ce vieux monsieur a vécu la Retirada, Français perdu dans le flot de réfugiés. Avec sa mère et son frère, ils ont fini par pouvoir justifier de leur nationalité et rejoindre la région parisienne, non sans avoir été témoins de ces événements tragiques.
Vous aussi, vous portez le souvenir de cet épisode terrible ? Alors, passez votre mémoire comme on passe un relais ! Merci de me contacter en cliquant ici. Ou plus simplement, en m’appelant au 07 83 31 07 97.
Entretenir le devoir de mémoire, notamment pour la Shoah… C’est le but de cette journée internationale qui lui est dédiée. À cette occasion, je vous suggère de vous intéresser à ce livre de Victor Klemperer : LTI, la langue du IIIe Reich.
Et écoutez, lisez, cherchez dans l’usage fait de notre langue aujourd’hui s’il se trouve quelques analogies avec ce que décrit Klemperer.
Une pensée également pour la novlangue de George Orwell.
Le philosophe allemand Victor Klemperer s’attacha dès 1933 à l’étude de la langue et des mots employés par les nazis.
Ses sources : discours radiodiffusés d’Adolf Hitler ou de Joseph Goebbels bien sûr. Mais aussi, faire-part de naissance et de décès, journaux, livres et brochures, conversations, etc. Il a ainsi pu examiner la destruction de l’esprit et de la culture allemands par la novlangue nazie.
En tenant ainsi son journal, il accomplissait aussi un acte de résistance et de survie.
Sitôt après la guerre, en 1947, il tirera de son travail ce livre : LTI, Lingua Tertii Imperii, la langue du IIIe Reich. Cet ouvrage est devenu la référence de toute réflexion sur le langage totalitaire. Un livre à la mémoire des victimes de la Shoah.
Sa lecture montre combien le monde contemporain a du mal à se guérir de cette langue contaminée. À près de soixante-dix ans de distance. Et qu’aucune langue n’est à l’abri de nouvelles manipulations.
Vous êtes sensible à ce devoir de mémoire ? Je vous invite à me contacter pour en parler, en cliquant ici, ou plus simplement en m’appelant au 07 83 31 07 97.